70 ans plus tard, la Palestine existe encore


"Nous devons tout faire pour qu'ils ne reviennent jamais, les vieux mourront et les jeunes oublieront", avait déclaré David Ben Gourion, l’un des pères fondateurs de l’État d’Israël, il y a déjà 70 ans. Depuis, tout a été fait pour que les Palestiniens ne reviennent jamais. Mais si les vieux meurent, et c’est inévitable, les jeunes n’ont pas oublié.

Ben Gourion se trompait. Génération après génération, les clés des vieilles maisons de Palestine se transmettent de père en fils, de mère en fille. Ces clés sont devenues le symbole de la Nakba, la catastrophe qui a frappé le peuple palestinien il y a sept décennies, lorsque des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont été massacrés ou chassés de leur maison et de leurs terres.

Ces clés sont aussi le symbole du retour en Palestine. Aussi illusoire qu’il puisse paraître aujourd'hui, ce retour est inévitable tant que ces vieilles clés sont au cœur de tout Palestinien et de tout être humain qui se respecte.

La Palestine n'est pas une cause arabe ou musulmane, c'est une cause universelle. Le sort du peuple palestinien, terrible, injuste, révoltant, est une insulte à notre humanité commune. Nelson Mandela n’avait-il pas dit : "Nous savons que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens."

Si l’État d’Israël est aujourd’hui une réalité incontournable, la terre sera pour de nombreuses années encore celle de la Palestine. Une Palestine qui n’est pas uniquement résumée à des clés rouillées et à des tragédies passées. Une Palestine qui vibre toujours dans le regard fougueux d’une adolescente qui entend bien se réapproprier l’avenir.

La Palestine c’est Ahed Tamimi et des milliers de jeunes palestiniens qui n’ont pas oublié, qui n’oublieront pas, et qui, malgré la répression sauvage, malgré les balles assassines, malgré les bombes au phosphore, malgré la prison et l’humiliation, se battent pour cette belle idée, fondamentalement humaine, qu’on appelle liberté.


© Claude El Khal, 2018